Collège

La lutte continue pour la résistante Anne Beaumanoir

Anne Beaumanoir, 95 ans, figure de la Résistance bretonne était l’invitée des collégiens de Racine, vendredi, collégiens délocalisés à Le Braz pour cause de travaux.

Née à Saint-Cast-Le-Guildo, en 1923, elle est entrée dans la clandestinité et en Résistance en 1941.

Juste de la Nation, pour avoir caché et sauvé des enfants juifs, elle est maintenant doyenne de la réserve citoyenne. Les collégiens avaient préparé toute une batterie de questions sur son engagement dans la Résistance, les actions menées, y compris celles menées plus tard lors de la guerre d’Algérie. Mais la notion d’engagement reste permanente dans ses propos et elle suscite, on le sent bien, celui des jeunes qu’elle a en face d’elle. Pour elle, la lutte continue pour « une humanité plus fraternelle », notamment concernant l’accueil des migrants.

Gaëlle Demanet, professeur d’histoire, estime que « ce que dit et nous transmet Anne Beaumanoir aujourd’hui est important pour les élèves. On espère qu’ils s’en souviendront et le feront savoir autour d’eux ».

© Ouest-France


En 1941, alors étudiante en médecine, à Rennes, vous entrez en résistance, dans un groupe proche du parti communiste. Pourquoi?
J’ai eu la chance d’avoir été élevée par des parents jeunes, mais surtout engagés politiquement dans la lutte antifasciste en Bretagne. Mon éducation a donc joué un très grand rôle, mais l’événement déclenchant a été lorsque, par l’intermédiaire d’une professeure, j’’ai appris ce qui s’était véritablement passé en Allemagne entre 1933 et 1938, notamment l’euthanasie des malades mentaux. A l’époque, cela était assez peu su, en tout cas dans mon milieu, ce qui a été un choc qui a déterminé ma décision définitive d’entrer dans la résistance.

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Que partagez-vous de votre expérience auprès des collégiens ?
J’ai toujours considéré que le plus important pour l’avenir de l’humanité c’était l’éducation. J’ai une très grande admiration pour les éducateurs, qui font un boulot essentiel auquel j’aime participer un petit peu. Ce sont les collégiens qui me posent des questions, auxquelles je réponds en leur racontant non pas seulement ma résistance, mais comment j’ai vécu cette expérience et comment cela fonctionnait, en tant que témoin. Je leur dis aussi pourquoi il est important de s’engager et de contrôler son destin, y compris face à la montée d’idéologies racistes. Je souhaite qu’ils réfléchissent sur leur époque car ce sont eux l’avenir de l’humanité.

Vous vous êtes engagée en faveur de l’accueil des migrants Syriens. Est-ce une forme de résistance aujourd’hui ?
Oui, tout à fait. C’était tout à fait naturel pour moi de le faire. Je continue la lutte pour une humanité plus fraternelle et ouverte aux autres, ce qui me semble plus que jamais, essentiel.

© Le Télégramme